Le monument de 1870 : Les monuments de 1870 sont peu fréquents et pas obligatoires, ils résultent de souscriptions et d'aides locales. Celui de Terrasson sera érigé en 1911 sur l'initiative de la 60 eme section de vétérans des armées de terre et de mer de 1870-1871.
Le monument de 1870 est implanté à l'origine du côté du Brasset sur la Vergne. Il sera ensuite démonté le 18 octobre 1976 pour permettre le nouvel axe de communication sur la R.N 89 et la construction du pont de l'Europe ouvert à la circulation en 1977. Ce monument est réinstallé face à la gare en 2004.
Il mesure 6,50 mètres de hauteur, sa particularité est qu'il ne possèdent aucun noms de gravés. Pourtant, suivant plusieurs auteurs dont Pierre Vigy dans son ouvrage "crimes allemands dans le Terrassonnais" stipule qu'au moins deux Terrassonnais sont tombés au combat et dans l'étude de Marjolaine Dupuis "Terrasson : une situation privilégiée au coeur de l'économie du canton 1816-1912" est mentionné que le monument lors de son inauguration le 15 septembre 1912 par le ministre de l'agriculture Jules Pams rend hommage à 4 morts.
En plus de ce monument de 1870, Terrasson possède toute une histoire concernant le monument aux morts de la grande guerre. suite à des oppositions politiques, la commune aura 2 monuments distincts au sein de la ville. Un monument sera érigé dans la ville haute devant l'ancien couvent tandis qu'un autre verra le jour derrière l'emplacement du cinéma ( la maison du peuple) actuel square René Lascaux.
En 1922, une souscription est ouverte pour rendre hommage aux morts de 14/18 au travers un monument. Celle-ci recueille 27 000 francs. Mr. Paul Henri Graf, sculpteur de renom et gendre de l'ancien Maire Mr. Larivière se propose de réaliser cet édifice gratuitement à charge de la commune de fournir les pierres et la main d'oeuvre. Mr. Marty, Maire de Terrasson et président du comité extra-communal pour l'édification d'un monument réfute l'idée d'implanter ce monument sur la place du foirail, emplacement souhaité par les autres membres du comité. Mr. Marty veut implanter ce monument hommage sur la Vézère face à la Mairie et ne veut pas du monument proposé par Graf représentant un paysan pour lui : "le paysan n'est pas Républicain". Mr. Marty souhaite faire travailler un sculpteur animalier briviste Mr. Cartier qui en 1927 propose une maquette du "forgeron de la paix". Ce conflit pousse Mr. Marty à démissionner du comité puis le 17 novembre 1927 de sa fonction de Maire. Un des principaux opposants au projet de Mr. Marty sera le docteur A. Cheynier qui lui reproche ses idées.
Tout ce tumulte politique donnera donc lieu l'édification de deux monuments à Terrasson.
Le monument de Graf sera installé près du couvent mais il ne possède pas encore son bas-relief. Celui-ci est l'oeuvre de jean René Carrière et se nomme : "le départ du permissionnaire", il représente un soldat prêt à partir laissant derrière lui femme et enfants. Cette oeuvre est conçue en 1920, sa maquette en plâtre sera exposée au salon d'automne de Paris de la même année. Elle est acquise par l'état au prix de 7500 francs et sera offerte en 1926 à Terrasson par les beaux-arts. Le monument est inauguré en 1927 et le bas-relief rejoindra l'ensemble dans les années 30.
Sur la maquette du monument réalisée par Graf et présente à la maison du patrimoine, nous trouvons l'annotation suivante : "Au docteur André Cheynier, souvenir reconnaissant, Paul Graf - 1928 "
De l'autre côté de la Vézère, derrière la maison du peuple , l'autre monument : " le forgeron de la paix " verra lui aussi le jour. Nous en avons quelques rares traces photographiques, ce monument aujourd'hui à totalement disparu des mémoires collectives et n'est plus présent sur Terrasson.
Il faut attendre 1953-54 pour que Jean Rouby, Maire de la ville réunisse ces deux monuments en un seul sur la place de la Vergne dite place de la libération.
Le monument actuel est donc composé de deux éléments, la sculpture de Paul Henri Graf et du bas relief de Carrière.
Ce bas relief représente le permissionnaire comme déjà expliqué, la sculpture de Graf quant à elle illustre ce même soldat rentrant de la guerre avec une jambe de bois. Ce paysan mutilé sujet de tant de discordes lors de sa présentation est l'illustration même de ce père de famille travaillant la terre qui rentre au pays mais ne pourra plus travailler. Il est entouré de sa fille et de son épouse appuyée sur le soc d'une charrue. cette charrue représente ce travail si dur de la terre qu'elle a du continué seule lors de l'absence de son mari parti à la guerre. Elle sait aussi qu'elle devra continuer à pousser cette charrue suite à l'infirmité de son mari. La scène repose sur un amoncellement de gerbes de blé, la petite fille embrassant son père l'accueillant avec un bouquet de fleurs.
Pour Terrasson, se sera 160 noms de soldats qui seront gravés sur le monument, 160 hommes qui vont manquer à leur famille, des familles entières qui devront subsister dans un pays à reconstruire sans leurs maris ou leurs fils.
En y regardant de plus prêt, aucune traces de cette réunification avec l'autre monument, le fameux : "forgeron de la paix" , ou est-il passé ? Par contre nous retrouvons la plaque des noms du monument de Graf installé sous le couvent réutilisée sur un autre monument moins connu mais rendant hommage lui aussi aux victimes des différentes guerres qui se trouve dans le cimetière.
À cela, il ne faut pas oublier le monument présent à l'intérieur de l'église qui lui aussi rend hommage aux morts pour la patrie. En effet, il n'est pas rare de trouver des monuments faisants référence à la grande guerre à l'intérieur d'édifices religieux. La loi de séparation de l'église et de l'État de décembre 1905, interdit toute représentations religieuses sur des monuments publics. Les monuments aux morts de la grande guerre eux font plutôt appelle à des allégories sur la famille, sur le soldat, etc...
Certaines familles croyantes se cotisent pour ériger un mémorial au sein des églises comme se fut le cas probablement pour le monument présent dans l'église de Terrasson afin de donner une dimension plus spirituelle à la perte d'un être cher.
Bien entendu, Terrasson ne serait rien sans son rattachement en 1963 à la commune de Lavilledieu. Cette petite commune était donc indépendante lors de la grande guerre et possède son propre monument inauguré en 1921.