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   Genouillac du point de vue étymologique nous vient de Gennulius - Genolliacum : domaine de Gennulius. 

   On trouve plusieurs orthographes pour Genouillac dont Genolhac, Ginouillac, Ginolhac, Genoilhac...

   Le nom de Genouillac est lié à la vie de Saint-Sour, dans les légendes du diocèse de Sarlat, des bréviaires de Périgueux, de Limoges, l'abrégé de la vie des saints de la province du Périgord, la Gallia Christina, la vie de Saint-Amand. 

   L'Abbé Pergot en 1857 écrira " La vie de Saint Sour " et André Delmas en 1960 dans son ouvrage : "Le pays de Terrasson pendant le moyen-âge " traitera également du sujet de Saint-Sour et de Genouillac. Nos deux auteurs s'appuient sur les archives et documents ci dessus cités. 

   Dans l'histoire de nos saints, on sait que Sour, accompagné de Cyprien et Amand arrivent d'Auvergne et passent par le monastère de Genouillac. Ce monastère n'est toujours pas situé, les indications les plus anciennes indiquent que nos trois compagnons entrent en Périgord : " Petrogoricum ingressi pagum ", les anciens bréviaires de Périgueux situent ce monastère en Périgord : "Monasterio Genoliaco apud Petrocorienses " et le diocèse de Sarlat le situe à la limite du Périgord : " In finibus Petrocoriorum "

   La situation géographique de Genouillac n'est toujours pas définie si certains indiquent sa présence en Périgord, aucune traces n'existent mais on sait qu'une fois passé par Genouillac nos trois saints se dirigent sur les plateaux du Causse et séjournent quelques temps à Petras Erectas (référence indiquée dans la Vita Sancti Sori), ce lieu n'est autre que Peyrelevade  (pierres-levées) que l'Abbé Pergot situe entre Chavagnac et Saint-Cernin. C'est en ce lieu que nos trois personnages se séparent, Saint-Sour, seul partira et découvrira les rochers qui lui serviront ensuite d'ermitage. Cela nous indique déjà que Genouillac se trouvait en amont de Terrasson puisque nos Trois protagonistes vivent ensemble à Genouillac. N'oublions pas que Sour arrive seul à Terrasson, alors pourquoi placer Genouillac à Terrasson même ? 

   Dans son étude André Delmas indique que dans la Vita Sancti Amandi la plus ancienne source connue et dans la Vita Sancti Sori il n'est nullement question d'un monastère de Genouillac, le texte dit : " agello Petragorico nuncupante Genoliaco, ubi tunc agmina monachorum degebant..."ce qui est traduit par : " un domaine Périgourdin où vivaient alors des troupes de moines " faisant ainsi référence à ces moines défricheurs basant leur vie sur le travail de l'agriculture et les prières. Ce terme de monastère de Genouillac ne sera établit qu'à la mort de Saint-Sour pouvant amener à croire que Sour fonde ce monastère à Terrasson. 

   Si l'on revient sur le cheminement des trois saints, on sait qu'ils arrivent d'Auvergne et passent par ce fameux Genouillac avant d'arriver en Périgord. Là encore une fois il est difficile de situer l'emplacement de Genouillac mais certains le place dans le Lot ce qui serait logique et sur le chemin menant à Terrasson en arrivant par les plateaux du Causse. 

   La Gallia Christina classe le lieu comme ayant disparu ou changé de nom. Dans la statistique départementale du Lot Mr. Delpon dit : " il existait (à Genouillac), dans des temps forts reculés, un monastère détruit plusieurs siècles avant la Révolution, et dans lequel trois personnages vénérés par l'église, saint-Sour, saint-Amant et saint-Cyprien prirent l'habit monastique".

   En effet, on sait que nos trois amis se présentent au monastère de Genouillac dirigeait par un certain abbé Salane ou Savalus, ils y passent trois années et en ressortent tonsurés portant l'habit de moine pour se diriger ensuite vers leur retraite à Petrœ-erectœ (déjà nommé entre Saint-Cernin et Chavagnac).  pourtant le doute peut persister quand on sait que saint-Cyprien compagnon de route de Sour et Amand était un abbé célèbre au monastère de Genouillac (dans le Périgord) pour le soin qu'il apportait aux malades. 

   Ce passage donc dans le monastère de Genouillac nous éloigne de Terrasson et nous rapproche du Lot. Mr. Delpon avait placé Genouillac dans le canton de Labastide-Fortunière (Labastide-Murat) et Léon Dessales affirme que Genouillac n'appartint jamais au Périgord. Après ou situer les limites du Périgord et du Lot à cette époque ? 

   Aujourd'hui peuvent être cité dans le Lot de nombreuses références portant le nom de Ginouillac avec une commune de Ginouillac, une des plus vieille église du Lot : " saint Appolonie de Ginouillac " sur la commune d'Espadaillac datée du X° siècle ainsi que de nombreuses familles comme le co-seigneur de Gourdon Jean-Ricard de Ginouillac au XIV ° siècle. 

   Dans " La vie de Saint-Sour " de l'abbé Pergot écrit en 1857, il est question à la page 56 d'un autre personnage important et pourtant totalement oublié dans l'étude faite par André Delmas. Ce personnage apporte à lui seul bon nombre de réponses, il s'agit de Clodoald dont nos trois saints auraient partagé des moments ensemble au monastère de Genouillac. 

   Clodoald (522-560) n'est autre que le petit fils de Clovis. Clovis marié à Clotilde à trois fils : 

                           - Clodomir, Roi d'Orléans

                           - Childebert, Roi de Paris

                           - Clotaire, Roi de Soissons

   Lors du décès de Clodomir en 524 à la bataille de Véseronce, tué par Godemar, Roi Bourguignon, il laisse trois fils qui seront confiés à leur grand-mère Clotilde : Théobald, Gonthaire et Clodoald.

   Leurs oncle, Childebert et Clotaire s'inquiètent de la pérenité de leurs territoires et font demander en 525 à Clotilde de voir les enfants. Une fois que la rencontre se précise ils formuleront la requête suivante à Clotilde : "si, elle préfère ses petits fils tondus ou morts". À cette époque, avoir les cheveux longs était un privilège des princes mérovingiens, couper les cheveux équivalait à renier le trône. Leur grand-mère refusa de les faire tondre, Theobald âgé de 10 ans sera poignardé et Gonthaire âge de 7 ans sera égorgé, Clodoald âgé lui de 3 ans échappera au massacre en étant caché dans un monastère. 

   Un peu plus tard Clodoald se coupera lui-même les cheveux afin de renoncer au pouvoir et se retirera au monastère de Ginouillac qui est situé dans l'histoire de la vie de Clodoald à proximité de Rocamadour dans le Lot. Il quittera ensuite Ginouillac pour Augunum ( Saint Maurice dans le canton Suisse du Valais). Il sera de retour vers 550 à Paris sur la colline de Nogent qui deviendra par la suite Saint-Cloud. Clodoald sera canonisé à sa mort et deviendra Saint-Cloud, le premier prince Franc honoré d'un culte public dans la chrétienté. 

   Ce nouveau personnage longtemps oublié des historiens joue un rôle important de par son rang et ne serait pas passé inaperçu si le monastère de Genouillac était Terrasson. Il serait cité dans des écrits et aurait eu probablement une place plus importante que nos saints locaux au sein de nos contrées. 

   

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